Publié le 19 mars 2021 Mis à jour le 23 mars 2021
le 22 mars 2021

Fanny Vigand, huissier de justice salariée dans une étude parisienne depuis mai 2020, ancienne étudiante du M2 Droit processuel, procédures et voies d'exécution a répondu à nos questions.


Quel est votre cursus ?

Après un bac S option biologie écologie, j’ai effectué une licence en  droit privé général à la faculté de droit de Clermont-Ferrand. J’ai ensuite suivi un Master I droit privé judiciaire à l’université Lyon III. Enfin j’ai suivi le Master 2 Droit Processuel, procédures et voies d’exécution à l’université Lyon 2 avant d’intégrer l’Ecole Nationale de Procédure en 2014 en parallèle du stage professionnel de 2 ans pour préparer l’examen professionnel d’Huissier de Justice que j’ai obtenu en mai 2019.

Avez-vous une anecdote à nous raconter sur votre cursus ?

Plutôt qu’une anecdote, c’est une rencontre, celle avec la personne qui est aujourd’hui ma consoeur et meilleure amie. Le Master 2 effectué à la Faculté de Droit Julie-Victoire Daubié m’a permis, de part le fait que nous étions une trentaine d’étudiants, de rencontrer des personnes qui ont eu un rôle parfois capital pour mon parcours. L’université en général est un lieu de sociabilisation très important, et cela résonne encore plus avec le contexte actuel.
De plus, j’ai trouvé mon stage professionnel grâce au Master 2 par exemple, ce qui m’a poussé à déménager à Châteauroux, ville que je ne connaissais absolument pas et où j’ai eu la chance d’apprendre énormément aux côtés de professionnels passionnés.


Pourquoi avoir choisi ce métier ?

J’ai fait un bac S dans le but d’intégrer une classe préparatoire BCPST (Biologie, Chimie, Physique et Sciences de la Terre). Malheureusement, ayant des résultats trop faibles en mathématiques, mes dossiers ont été écartés. J’ai cependant obtenu mon Bac avec mention. Ne souhaitant pas redoubler, j’ai fait des recherches pour savoir ce que je pourrais faire. Je me suis dis que je pourrais aller en Faculté de Droit (un peu comme tout le monde). Mes parents m’ont alors demandé de définir un projet, compte tenu de l’absence d’encadrement de l’université, avec seulement les travaux dirigés obligatoires. Après des recherches sur les débouchés, j’ai découvert les métiers de Commissaire-Priseur et d’Huissier de Justice.
En entrant en licence, j’ai rencontré une autre élève, dont le père était Huissier de Justice, chez qui j’ai pu faire un stage « découverte ». Cela m’a donné envie d’exercer cette profession. Après cela j’ai tout mis en œuvre pour y parvenir, notamment suivre le Master 2 Droit Processuel, procédures et voies d’exécution de la Faculté de Droit Julie-Victoire Daubié de l'Université Lumière Lyon 2.

En quoi consiste votre travail ?

L’huissier de justice est un officier public et ministériel qui a un monopole pour l’exercice de certaines de ses activités, en contrepartie duquel il est tenu de prêter son ministère. Les missions principales de l’huissier de justice sont la signification, l’exécution des décisions de justice et autres titres exécutoires ou encore les constats à la requête de particuliers ou sur commissions du juge. Ce ne sont ici que les missions les plus “importantes” de l’huissier de justice. Par exemple, l’huissier de justice peut exercer des activités telles que la représentation d’une partie devant certaines juridictions ou encore être syndic d’immeuble en copropriété.
L’étude dans laquelle je travaille est une petite structure,  j’ai la chance de toucher à tous les aspects de la profession. Constats, saisies-attribution, gestion de dossiers divers de recouvrement et d’expulsion, comptabilité, conseils, signification d’actes. Je ne fais pas encore de saisie-vente (au domicile des débiteurs), ni d’expulsions.

À quoi ressemble une journée type ?

Compte tenu de la variété des activités, chaque jour est une journée différente. Par exemple, je peux avoir un constat en début de journée, aller ensuite à l'étude, gérer des dossiers, vérifier et signer les actes, renseigner les personnes qui appellent à l’étude. Nous avons une stagiaire à l’étude (aspirante huissier de justice), avec qui j’essaie de passer le plus de temps possible, afin de la former au mieux. Il faut également savoir traiter avec les urgences, des constats ou des actes à signifier, le jour même.


Quelles compétences avez-vous acquises pendant votre cursus ?

Le passage à l’université est un préalable obligatoire pour devenir Huissier de Justice. Quand j’ai préparé le diplôme, il fallait à minima un Master 1 en Droit. Cependant, jusqu’en Master 1, la formation est très généraliste. J’ai donc choisi de suivre un Master 2 axé sur les Voies d’exécution afin d’acquérir des connaissances théoriques avant d’entamer le stage professionnel de 2 ans. J’ai réalisé le stage pour partie dans une étude d’Huissiers de Justice de Châteauroux pendant un an et demi (stage trouvé grâce au Master 2) achevé dans une étude d’Huissiers de Justice de Nanterre. De plus, les enseignements dispensés lors de la formation de Master 2 étaient en majorité dispensés par des Huissiers de Justice, ce qui permettait de rendre le contenu des cours très « pratique » et d’autant plus intéressant.

Quels sont les savoir être et savoir-faire nécessaires à l'exercice de votre métier ?

Le métier d’Huissier de Justice est un métier où la polyvalence est de mise. Comme je l’ai dit, d’un jour à l’autre et même d’un moment de la journée à l’autre, je peux faire deux activités totalement différentes. La réactivité est très importante dans notre profession, afin de satisfaire au mieux les clients. tant des professionnels que des particuliers.
Enfin, pour ma part, je pense qu’il faut être bon juriste, surtout dans une petite structure, afin de pouvoir résoudre la majorité des questions qui se posent à nous. On acquiert énormément de savoir de part la pratique. En effet, ça n’est pas à l’école que l’on apprend à faire une saisie ou à dresser un constat. C’est sur le terrain, et il faut donc être attentif et savoir s’adapter. Je pense également à la matière très dense des congés, où l’on découvre régulièrement des sujets inconnus et où la législation évolue rapidement. Il faut donc en permanence maintenir ses connaissances à jour et savoir s’informer.


Quels conseils donneriez-vous à des futur.es étudiant.es ?

Trouvez le bon compromis entre rigueur et vie étudiante !

Je pense que beaucoup d’étudiants choisissent le droit par défaut, faute de savoir quoi faire après le bac. Mais la filière juridique permet d’exercer des dizaines de métiers, qui sont tous très différents les uns des autres. Donc même en entrant en droit, par hasard, il est possible de trouver LE métier qui vous correspondra. L’autonomie est une qualité importante en faculté en général, car il faut réussir à se motiver à aller en cours. Il faut savoir trouver le bon compromis entre la rigueur et profiter de la vie étudiante. Parce que c’est aussi là qu’on fait des rencontres qui vont changer le cours de notre vie !

Quel est votre salaire ?

Environ 50K brut.






 

Informations pratiques