Philippe Bilger, "La parole, rien qu'elle"

Magistrat honoraire, président de l’Institut de la parole, Philippe Bilger a été juge d'instruction puis a exercé pendant plus de vingt ans la fonction d'avocat général à la Cour d’assises de Paris. Il est resté au service de la justice pendant près de quarante années. Il a ainsi été amené à requérir dans un certain nombre d'affaires dont quelques-unes ont eu un fort retentissement médiatique : Christian Didier - l'assassin de Bousquet -, Philippe Naigeon, Bob Denard, Émile Louis, Maxime Brunerie, Michaël Freminet (victime : Brahim Bouarram), François Besse, Hélène Castel...
Auteur de nombreux ouvrages, comme La France en miettes (éditions Fayard) et Ordre et Désordre (éditions Le Passeur, avril 2015), Philippe Bilger est très présent dans le débat public et tient aussi un blog, Justice au singulier.

Paru en janvier 2017 aux éditions du Cerf, le dernier livre de Philippe Bilger est à la fois un essai consacré entièrement à la parole et une autobiographie avec pour fil conducteur son rapport au verbe.
« Mon seul recours, mon seul secours.
Maîtrisant médiocrement les arts sociaux, voire inapte à la plupart, j’ai toujours perçu la parole comme l’unique alliée dont je pouvais disposer. De sorte qu’une fois compris ces manques et cette chance, je n’ai pas cessé de réfléchir sur elle, sa puissance, la preuve d’existence qu’elle procure, le pouvoir qu’elle donne, ses ambiguïtés aussi. Ce superbe et dangereux outil humain.
Je l’ai toujours vécue comme une tension entre le rêve de sa plénitude et la réalité, trop souvent, sinon de son infirmité du moins de ses limites. Ce livre a tenté de la suivre à la trace dans tous les registres où j’en ai usé.
À la cour d’assises, dans ma vie professionnelle, dans l’univers extra judiciaire, colloques, interventions, prestations médiatiques, dans ma passion de former les autres à cet outil humain fondamental, à mon perfectionnement.
Avec l’émotion de deviner en soi un capital hérité d’un père discuté et trop peu connu.
Avec le sentiment que tout mon être est articulé sur ce splendide moyen de communiquer avec autrui et que sans lui
on ne serait plus rien ni personne.
La parole parce qu’on n’a qu’elle. »